Cours d'écriture de Colibris

Au loin, un loup hurla. Je me recroquevillai un peu plus au fond du grenier de cette maison abandonné, faisant grincer le vieux parquet miteux. Tout mes sens étaient en alerte. Il m'avait coursé jusqu'ici, et j'espérais qu'il ne vienne pas, mais au fond de moi je le savais qu'il me retrouverai. Du plafond couvert de moisissure et de toiles d'araignées s'écoulait un filet d'eau. Chaque goutte qui s'écrasait au sol semblait compter les secondes qui me restaient avant que le chat errant me retrouve.
Bientôt ce sera la fin, il me tuera pour me punir d'avoir osé m'être introduite sur son territoire...
Le premier éclair illumina la pièce. Les meubles recouverts de draps blancs miteux ressemblaient à une armée de fantômes endormis, je ravalai ma salive. Le tonnerre se fit entendre trois secondes après, violent. Je me relevai péniblement. La blessure de son poitrail s'infectait, plus douloureuse d'heure en heure.
Aucune importance. Il viendra bientôt mettre fin à mes jours. Plus jamais je ne souffrirai.
La porte s'ouvrit avec fracas. Une des fenêtres poussiéreuses vola en éclats, écorchant mon visage mais je ne m'en souciais guère.
Il arrive...
L'énorme matou avança à pas lents en ma direction. La traque était finie, et j'allais être mise définitivement hors-jeu.
Son haleine brûlante vint effleurer sa nuque lorsqu'il entrouvrit sa gueule au museau aplati, laissant apparaître ses immenses crocs, où mon sang gouttera bientôt. Les larmes montèrent dans ma gorge.
C'est la fin.
Non.
Mes amis m'attendent. Vais-je vraiment mourir ainsi? En acceptant lâchement ma "destinée"?
Non!
Je hurlai de rage et échappa à la morsure du matou noir aux muscles puissants. En reculant pas à pas, je touchai du bout de la queue les bordures d'un fenêtre au verre brisés. Une légère brise soufflait, faisant voleter le rideau délabré et les draps plus si blancs qu'ils ne devaient l'être avant. Le temps semblait s'être arrêté. Les petits yeux rouges de mon adversaire brillèrent. Le cours du temps reprit, il avança pas à pas vers moi, la mort se rapprochait toujours autant de ma pauvre vie. Je pris mon courage à deux pattes, et m'élançai vers la sortie, espérant qu'elle soit trop étroite pour laisser passer l'autre chat. J'entendis un grognement derrière moi, mon opposant  tenta de s'y glisser mais ses larges épaules carrées et sa carrure bien trop imposante l'empêchaient de passer. Le vent frappait mon pelage tout le long de ma chute, et que je me posa sur mes deux pattes sans un bruit, mes muscles se bandèrent et je commençai à cavaler dans la forêt pour m'éloigner le plus possible  de la maison abandonnée.